Your name

4. Your name

  Si vous vous intéressez un peu à l’actualité japonaise, vous aurez déjà entendu parler du film d’animation « Your name » réalisé par Makoto SHINKAI. C’était un des films les plus populaires et lucratifs du Japon en 2016, qui a dépassé le succès du même genre de « Voyage de Chihiro » d’Hayao MIYAZAKI.

  N’étant pas de la génération où l’on est passionné dès l’enfance pour les films d’animations, ni plus assez jeune pour m’en identifier aux personnages adolescents, au Japon je n’ai pas été le voir au cinéma. Mais la veille du Réveillon 2016 à Nice, je suis sorti le voir avec ma compagne qui ne comprend pas bien le français. Au Rialto cinéma il y avait deux séances, version française l’après-midi, version originale le soir ; nous avons vu bien sûr la seconde.

Une vingtaine de minute avant le commencement, on ne voyait dans la salle que quelques personnes, mais au moment des bandes annonces d’autres films, la salle était remplie. Ce qui était impressionnant, c’est que tous les spectateurs étaient plus jeunes que nous, sauf un couple sexagénaire. L’ombre étant pleine d’animation, le film a commencé.

  Certains jeunes reconnaissaient, me sembla-t-il, certaines scènes dont on parlait beaucoup, peut-être sur les sites; ils ont éclaté de rire, par exemple, quand un matin Takï, lycéen à Tokyo, se réveille étrangement dans le corps de Mitsuha, lycéenne dans une village montagnard et pour se persuader du changement incroyable il se touche ses seins ronds; une autre où après les cours un ami invite Mitsuha au café avec une autre amie, toutes deux ne pouvant croire à l’existence d’un café dans leur village aussi isolé; il les amène enfin à un simple distributeur automatique.

  En bref je crois que les jeunes français se sont bien amusés de cette comédie romantique et moi-même j’ai été très content de partager cette atmosphère un peu euphorique.

  Cependant quand je pense aux éléments de sa popularité et à la réalité actuelle du Japon, j’ai deux soucis. N’en déplaise à ceux qui n’ont pas encore vu le film, je vais les expliquer.

  Les deux jeunes gens ne se voient que presque à la fin de l’histoire, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent partager le même espace qu’au dénouement; — et ils vivent à peine dans le même temps : le village natal de Mitsuha est anéanti par la chute d’une météorite avant que Takï ne commence à la chercher. Mais à la fin, en empruntant le corps de son amie il réussit à prévenir l’évènement catastrophique. Curieusement ils ne se souviennent pas de cette aventure et après quelques années, quand ils se rencontrent par hasard dans une rue à Tokyo, le film finit par leur interrogation  ¨Quel est ton nom ?¨.           

   En effet le petit village de Mitsuha a été épargné par cette catastrophe. Le réalisateur Shinkaï a reconnu d’ailleurs dans son film l’écho au drame du grand tremblement de terre au Nord-Est du Japon en 2011. Juste après ce drame naturel, il y a eu, comme vous le savez, l’explosion des centrales nucléaires de Fukushima, et beaucoup de gens sont toujours privés de leur vie quotidienne paisible à cause de l’irradiation mortelle des déchets nucléaires. Malgré cela, le gouvernement japonais est tout prêt au redémarrage des autres centrales nucléaires fermées actuellement ; il croit que  la catastrophe n’a pas eu lieu dans son pays. Un de mes soucis, c’est que connaître la catastrophe du film pourrait renforcer l’oubli pathologique nuisible à la société japonaise ? Ne se convaincrait-t-on pas que le désastre y n’a pas eu lieu ?

   Une autre souci. Le producteur de ce film, Genki KAWAMURA en a expliqué que c’était l’histoire où deux personnages ne se voyant jamais se désirent l’un l’autre (le 30 décembre, Journal Asahi). Cela veut dire qu’ils sont destinés à l’amour réciproque. Le déterminisme mystique et romantique se symbolise par le mot ¨musubi¨ (lien), réitéré par la grand-mère de la lycéenne.  Certes, on assiste à la recherche aventureuse de l’aimée du jeune garçon à travers le temps et l’espace. Mais il y a aucune énigme d’autrui telle que celle créée par Marcel Proust avec la figure d’Albertine. Je suis un peu inquiet que les jeunes ne penchent pour la poursuite narcissique.

  D’ailleurs les deux pourraient connaître l’expérience authentique de l’autre après la reconnaissance de leurs noms; il leur suffit pour le moment de l’avant-goût inoubliable de l’amour.        

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